18 oct. 2022
Saisi de cette situation de détresse, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Méditerranée (CROSS MED) en Corse a alors coordonné une opération de sauvetage pour traiter l’urgence, en impliquant notamment la vedette de la société nationale de sauvetage en mer SNS 165 de Saint Florent. Les trois membres de l’équipage du Naughty Lux ont été rapidement secourus, aucun blessé n’est à déplorer. En revanche, des plongées réalisées le même jour ont rapidement conclu à l’impossibilité de renflouer la coque étant données la configuration de son échouement et son état de dégradation avancé.
Le 8 juillet, l’épave de ce navire s’est rapidement disloquée, répandant des débris sur la côte et sous la mer (moteurs, batteries, composants électroniques, etc.) au sein du parc naturel marin du cap Corse et de l’Agriate, constituant ainsi une atteinte préjudiciable à l’environnement dans cette zone sensible.
Face à cette situation et au titre de ses responsabilités en matière de protection de l’environnement en mer, le préfet maritime de la Méditerranée a lancé les actions suivantes :
- mise en demeure répétée du propriétaire de renflouer cette épave afin de faire cesser cette atteinte à l’environnement. Deux experts maritimes, mandatés par l’assurance du navire, ont prévu de se rendre sur place afin d’évaluer les dégâts engendrés par l’échouement et rencontrer l’entreprise de travaux sous-marins locale ; ;
- engagement du bâtiment base de plongeurs démineurs (BBPD) Pluton et du bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Pionnier sur le site du naufrage du Naughty Lux afin d’évaluer les dégâts et d’étudier les possibilités de renflouement de l’épave ;
- dépôt de plainte par le préfet maritime de la Méditerranée à l’encontre du propriétaire pour atteinte à l’environnement.
Les opérations menées par le Pluton et le Pionnier le 21 juillet ont permis de constater :
- que l’épave est brisée en de nombreux morceaux entre le récif qu’elle a heurté et la côte. Des débris de tailles et poids divers jonchent les fonds marins jusqu’au trait de côte sur une surface de 1 à 2 hectares. Ces morceaux de coque font peser un risque de pollution par plastique du milieu marin et doivent donc être retirés le plus rapidement possible. Par ailleurs, le fond du bateau constitué des moteurs, des lignes d’arbres, de la ligne de mouillage est désolidarisé de la coque et occupe un volume de 6m de long par 3m de large ;
- que les moteurs font encore peser un risque limité de pollution par hydrocarbure ;
- que plusieurs dizaines de batteries sont présentes en divers emplacement.
Compte tenu du danger immédiat pour l’environnement que représentaient ces batteries, le préfet maritime de la Méditerranée a ordonné le relevage des 26 batteries présentes sur le fond de la mer, réalisé le 21 juillet par le BBPD Pluton.
En complément, le préfet maritime de la Méditerranée étudie, au titre de l’action d’office, les voies possibles pour contracter un marché public local d’urgence et recourir à une société de relevage, aux frais et risques du propriétaire. En effet, l’Etat ne dispose pas en propre de telles capacités.
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Sans présumer des circonstances dans lesquelles cet incident est intervenu, la préfecture maritime de la Méditerranée rappelle quelques messages de prévention pour naviguer dans les meilleures conditions de sécurité :
- préparer sa sortie, connaître son environnement et notamment les spécificités de la zone (obstacles et dangers pour la navigation, connaissance de la signalisation en mer indiquant la présence d’un danger,…) ;
- respecter les zones de navigation (chenaux d’accès,…) et les règles de navigation en mer (limitation de vitesse selon les zones et notamment dans la bandes 300 mètres,…)
- ne pas naviguer sous l’emprise de produits pouvant augmenter considérablement le risque pour les passagers (alcool et stupéfiants notamment) ;
- avoir un moyen de communication pour joindre le CROSS MED en cas de situation d’urgence (au 196 depuis un téléphone ou sur le canal 16 de la VHF) et de quoi se signaler de jour, comme de nuit (vêtements voyants, feux de détresse, lampe torche,…) pour permettre aux moyens déployés de localiser rapidement les victimes.
Pour que la période estivale reste une période de loisirs, la prudence en mer reste de mise pour tous.